L'intelligence ne prémunit pas contre les décisions préjudiciables.
Vous arrive-t-il de téléphoner au volant alors que vous savez pertinemment que cela est interdit et dangereux ? Et pourtant, cela ne vous retient pas d'utiliser votre mobile lorsque vous conduisez... En d'autres termes, l'intelligence ne prémunit pas contre les décisions préjudiciables. On a ainsi tous en tête des exemples de personnes intelligentes ayant commis des actes particulièrement stupides, certaines ayant même ruiné leur santé ou leur carrière. Comment est-ce possible ? Pourquoi l'intelligence n'immunise-t-elle pas contre les décisions bêtes ou insensées ? Et pourquoi les gens très intelligents (HPI) ne réussissent-ils pas forcément mieux leur vie que d'autres moins bien lotis sur le plan de la réflexion ? Et si la stupidité n'était pas un manque d'intelligence, mais une manière originale de la mettre en oeuvre ?
Plongez dans une réflexion approfondie sur l'intelligence et ses implications, et découvrez une vision nouvelle de la stupidité !
EXTRAIT
Comme exemple de choix irrationnels, on peut citer la rigidité dont font preuve les consommateurs quant à leurs contrats d'assurance. Face à la multiplicité des offres, il est aisé d'en changer pour faire des économies. Il existe même des sites Internet spécialisés pour comparer les différents produits proposés. Et pourtant, peu nombreux sont les utilisateurs qui se résolvent au changement, alors qu'il ne leur en coûterait rien : ils n'ont, le plus souvent, pas de contact personnel avec leur assureur, et aucun frais ne leur serait imputé. Comment considérer le fait de payer plus pour un contrat qui serait moins onéreux ailleurs avec les mêmes avantages ? N'est-ce pas un choix à proprement parler stupide au sens de notre définition : une décision préjudiciable sans aucun bénéfice notoire ? Si ce n'est pas l'intelligence algorithmique mesurée par le QI qui détermine les choix et les actions, mais plutôt sa composante réflexive, existe-t-il un moyen d'y avoir accès et de l'estimer ? Le professeur Keith Stanovich a consacré de nombreux travaux à cette question et propose, comme réponse, un concept qui porte le nom de « rationalité ». Pour lui, la rationalité se définit comme la propension à prendre des décisions qui concourent à notre bien-être, c'est-à-dire qui servent nos intérêts (rationalité instrumentale). Elle englobe également le fait d'entretenir des croyances qui sont en phase avec la réalité (rationalité épistémique). Ses différentes recherches montrent que de nombreux individus rencontrent des difficultés avec cette rationalité : à l'instar des personnes souffrant de troubles de la lecture, la dyslexie, certaines seraient même atteintes de dysrationalité. Keith Stanovich et ses collaborateurs ont mis au point un test qui permet d'évaluer le degré de rationalité, une mesure qui complète le QI classique.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Yves-Alexandre Thalmann est titulaire d'une licence en psychologie et d'un doctorat en sciences naturelles, ce qui fait de lui un psychologue scientifique. Professeur et conférencier, il s'efforce de rendre accessibles au plus grand nombre les connaissances issues de la recherche. Il est l'auteur de nombreux livres qui ont séduit un large public, dont
On a toujours une seconde chance d'être heureux (Odile Jacob).