Les bévues, que personne ne sait calculer, sont utiles. Elles sont sans doute nécessaires. À l'occasion, elles corrigent la vue simple qui ne nous suffit pas. Elles s'ajoutent à la vue seconde, la plus perspicace. Elles effacent la berlue et sa tromperie. Grâce à elles, ce que nous percevons par inadvertance ou par ignorance, à cause d'un défaut de l'attention, grossit et augmente sous nos yeux. Blanchot, en racontant ce qu'on ne peut rapporter, invente un présent sans durée. Kafka, observateur comique, déplace des mondes pour rouvrir son terrier. Paulhan, entre deux guerres, traverse un jardin public où il est interdit d'entrer les fleurs à la main. Ils se sont mis à trois pour accroître notre vue.