L'effacement automatique des messages et vidéos que les collégiens s'envoient via l'application Snapchat donne du fil à retordre à la lieutenant Audrez Krawjcek, qui enquête sur le décès d'un adolescent.
L'émotion est vive lorsqu'on retrouve un collégien pendu à la grille de son établissement. L'enquête s'annonce d'autant plus délicate qu'il faudra composer avec une technologie réfractaire, des indices programmés pour disparaître et un univers adolescent propice aux secrets, à l'omerta et aux cruautés dissimulées. Et qu'en est-il de ce mystérieux challenge qui fait fureur sur les réseaux, et dont l'initiateur semble s'être volatilisé ?
La mort du jeune Gabriel résulte-t-elle d'un accident sordide ou d'une volonté perverse ? Une nouvelle policière à glacer le sang.
EXTRAIT
Comme souvent, Mehdi s'était enfermé dans la chambre sitôt la fin du dîner. Non pour faire ses devoirs comme il s'y était engagé, mais pour jouer à la console. Son portable, posé à proximité, vibra peu après minuit : il activa machinalement la lecture de la courte vidéo envoyée via Snapchat par son ami Gabriel.
Au sein de leur groupe de potes de 3e, on utilisait régulièrement l'application pour s'échanger des photos potaches et des anecdotes du quotidien. Cette vidéo était différente de celles qu'ils s'envoyaient ordinairement et instilla chez l'adolescent un sentiment de malaise.
Longue de quelques secondes seulement, elle était trop peu éclairée et trop mal cadrée pour permettre de percevoir davantage qu'un souffle dérangeant, proche du râle. Puis, très brièvement, les yeux exorbités de Gabriel imprimèrent l'image en dépit de la pénombre.
La vidéo s'acheva abruptement et disparut de l'application. Déstabilisé, Mehdi n'avait même pas eu la présence d'esprit de tenter une capture d'écran. Il tenta de recontacter son ami par divers moyens, sans succès.
Avec le recul, il doutait de ce qu'il avait vu. Sans doute s'agissait-il d'un prank ou d'une fausse manipulation, rien de plus. L'adolescent relança sa partie et chassa ces pensées dérangeantes, loin de se douter que son téléphone vibrerait encore à de nombreuses reprises le lendemain, dès l'aube.
Son premier cours n'étant qu'à neuf heures, Mehdi sortait à peine de son lit lorsque ses camarades qui commençaient plus tôt l'inondèrent de textos fébriles, l'informant de la présence d'un corps pendu à la grille du collège.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ange Beuque est professeur des écoles et recueille au quotidien des fragments de fantaisies enfantines. Féru de formats courts, il a eu le plaisir de contribuer à diverses anthologies. Il s'est également lancé dans l'aventure de la littérature au format numérique (Readiktion, Rocambole).