Voici un roman subtilement composé, et écrit sur un ton dont la cruauté fait merveille. Son cadre ? Un hôtel à La Baule, genre « relais et châteaux », dans lequel une grande entreprise multinationale rassemble ses cadres et leurs épouses pour un de ces séminaires où l'on va parler de « synergie » et de « compétitivité ». Ses héros ? Des cadres, précisément, tenaillés par le stress, l'ambition, l'envie, la déprime. Et, dans ce portrait de groupe, l'auteur privilégie trois couples qui, chacun, se retrouvera au centre de chacune des trois parties qui distribuent ce roman.
Pour chacun de ces couples, tout ne va pas pour le mieux. Là, une épouse bovaryse, et décide de quitter son mari sous les yeux de ses collègues amusés. Ici, une autre épouse, plutôt délaissée, s'éprend d'un inconnu qui, hélas pour elle, lui révélera tardivement son homosexualité. Ailleurs, sur le chemin du retour, un cadre, en pleine « mid-life crisis », se met à pleurer tant sa vie, soudain, lui apparaît vide..
Entre ces trois couples - dont les femmes sont, chaque fois, au premier plan - les intrigues se nouent et se répondent. Ils sont, successivement, observés de l'intérieur, puis de l'extérieur, selon un « montage » très cinématographique. Sur le fond, la romancière a voulu montrer du doigt, et du style, l'incroyable détresse sentimentale qui gouverne la vie des êtres, fussent-ils privilégiés et emblématiques d'une sociologie où l'on a « réussi ». C'est impitoyable, précis, pervers. Du sexe à l'argent, de la vanité à l'ennui, l'auteur explore tout. On a envie de rire, pourtant, devant ce miroir dont la franchise fait mal...